424s | Aujourd'hui, les séries plutôt que les films, |
427s | c'est un genre qui se vend bien comme producteur ? |
431s | Moi je n'ai jamais été producteur de cinéma, |
434s | dès mes années d'études à la Fémis je voulais être producteur de séries |
438s | parce qu'à l'époque il y avait eu une révolution dans les séries aux États-Unis, |
442s | révolution qui n'a pas été totalement perçue en France |
446s | mais qui était la révolution HBO, |
448s | l'arrivée des "Soprano", "Oz" et plus tard "The Wire" |
452s | et je me disais en tant que producteur : |
456s | parler à un nombre très important de spectateurs |
460s | et en même temps être capable de parler de vrais sujets de société |
465s | dans un rapport long avec des spectateurs, |
468s | ça, seule la série peut le faire |
470s | alors que le cinéma, malheureusement, lorsque le cinéma se veut très populaire |
474s | il a tendance à faire de la comédie avec des têtes d'affiche. |
477s | Alors vous êtes co-directeur du département série |
480s | de la Fémis, l'école de cinéma. |
483s | Vous parliez de révolution de la série aux États-Unis, |
487s | la France a fait aussi sa révolution série mais ça a pris du temps, pourquoi ? |
492s | La série a longtemps été considérée comme un genre médiocre, addictif, mineur |
502s | et l'essentiel de la politique culturelle française s'est tourné vers le cinéma |
506s | et encore aujourd'hui lorsqu'on dit : |
508s | "Ah y a de formidables séries en France |
510s | puisque y a des comédiens de cinéma qui s'y intéressent", |
514s | d'ailleurs souvent on fait plutôt des mini-séries |
516s | qui, au fond, ne sont pas véritablement des séries. |
520s | On le dit souvent hein que les séries françaises aujourd'hui |
523s | elles égalent presque les séries américaines, |
525s | ça veut dire quoi ? |
527s | C'est faux, c'est un "cocorico" mais c'est très français ! |
531s | Ce qui se passe c'est qu'il y a des séries françaises ces dernières années |
533s | qui sont des séries de très grande qualité. |
535s | Celle qui est citée très souvent aujourd'hui |
537s | et qui est un emblème de la série française, c'est "le Bureau des Légendes" |
543s | parce que c'est une série de très grande qualité, |
545s | c'est aussi une série qui s'exporte |
547s | donc notre culture de la série et du coup notre savoir-faire de la série, |
552s | la pensée série qui est très différente de la pensée de cinéma, |
556s | être producteur de série et de cinéma c'est très différent, |
558s | être auteur sur une série ou auteur dans le cinéma |
561s | c'est pas du tout le même métier. |
563s | Donc cette culture de série est en train de progresser, |
566s | y a un environnement économique qui évolue, qui est plein d'angoisses |
570s | puisque c'est la révolution numérique que connaît notre secteur |
573s | qui a effectivement des acteurs très puissants, américains, |
576s | qui sont en train d'arriver en France |
578s | donc ça inquiète tout le monde et en même temps, |
580s | dans ces périodes de renouveau, |
583s | eh bien c'est un espace de liberté pour les créateurs, |
586s | un espace d'expression qui est en train d'arriver |
589s | et qui moi, me laisse très optimiste pour l'avenir de la série. |
592s | Est-ce qu'on pense à l'export lorsqu'on créé une série |
596s | ou est-ce qu'on y pense ensuite ? |
598s | Moi j'ai co-créé une série qui s'appelle "Un village français" |
602s | dont on peut se dire, à la base, "Un village français" ne va pas s'exporter |
605s | puisque ça s'appelle "un village français" donc c'est fait pour le public français |
608s | et paradoxalement elle s'est extrêmement bien vendue à l'étranger. |
612s | Ce qu'on peut vendre à l'étranger, c'est la spécificité de notre culture |
618s | et certainement pas la copie de séries américaines |
620s | puisqu'on trouvera toujours l'original meilleur que la copie. |
624s | Elle a bon dos la guerre ! |
627s | Petit, t'es un grand chef, |
629s | mourir ne sert jamais à rien. |
631s | On a tous du courage mais pas pour les mêmes choses. |
637s | Quel est l'avenir de la production française ? |
639s | Est-ce qu'on va continuer à avoir des policiers |
641s | qui ont fait les grandes heures de la production française |
643s | ou est-ce qu'on va se tourner vers d'autres genres, |
645s | le fantastique, les dessins-animés ? |
647s | Dans les années à venir, plus personne |
649s | ne regardera plus jamais les séries en direct |
651s | mais ils regarderont les séries qu'ils auront décider de regarder, |
654s | Sur les tablettes, sur leur téléviseur mais non pas à la télévision, |
659s | sur des écrans |
661s | et dès lors, moi j'ai absolument rien contre les polars mais par contre, |
664s | toutes les séries qui commencent par un meurtre et qui a fait le meurtre |
668s | et à la fin il n'y a aucun doute sur le fait que |
670s | le héros ou l'héroïne va avoir résolu ce meurtre |
675s | et que tout va bien, rentrez chez vous, |
677s | ce type de séries qui est très majoritaire aujourd'hui en France, |
681s | je pense que les moins de 50 ans ne les regarderont plus. |